Nous étions pleines d’allant quand tout a commencé (oui à présent nous sommes plusieurs, moi-même confinée dans mon 42m2, et toutes les autres confinées dans ma tête). Force ! Courage ! Patience ! Nous allions le tenir comme des battantes, ce siège. Nous allions « lire, écrire, ranger, méditer, abdos-fessiers ».
Cinq jours ont passé, et seule celle qui était chargée de nous faire revenir à la sécularité super-galbées s’est un peu bougée (sauf le jour où elle a passé la journée à se traîner, et celui où elle a enchaîné trois pauvres chien-tête-en-bas et deux guerrier-numéro-2 devant son écran illuminé).
Oh, on n’a pas ABSOLUMENT rien fichu non plus…
On a écouté Tich Nacht Han nous dire sous la douche des choses fortes comme « Nous marchons tous sur la Terre, mais certains marchent en esclaves » dans Soyez libre à où vous êtes, et on a été emballées. On a donc essayé de se sentir libres, grâce à l’arme atomique du grand maître vietnamien qu’est la pleine conscience, en mastiquant consciencieusement notre quinoa & curry (oui, scandale ! provocation ! hérésie ! Que voulez-vous il n’y avait plus de basmati…). On a essayé oui, mais ça n’a pas très bien fonctionné.
Sous la douche on a aussi chanté-beuglé-pleuré.
On a tenté de travailler et on a échoué.
On a médité. Une fois.
On s’est mis du rouge aux pieds, ce qu’on ne fait jamais, ça a donc bien bavé de tous côtés.
On a derviche-tourné dans le salon, on a applaudi au balcon.
On a un peu ri, un peu flippé, pas mal fumé, pas mal picolé.
On a aussi beaucoup pleuré, parce qu’on est confinées mais aussi d’amour chagrinées. Ce qui fait beaucoup, même (surtout ?) pour plusieurs personnes dans une même tête.
Mais globalement, on a surtout glandé, hébétées.
On n’est pas super contentes de nous-mêmes, faut avouer.
En même temps on se dit qu’on pourrait peut-être, aussi, se foutre un peu la paix…