Les billes de la gamine, vintage chic

C’est une boutique qui m’intriguait depuis des mois, mais où  je n’osais pas entrer, parce que je ne comprenais pas bien de quoi il s’agissait. A travers la vitrine, je distinguais des meubles étranges, et quelques vêtements. Et puis un jour j’y ai aussi vu un vieux mannequin, taille 44 environ. Ca changeait du taille 36 habituel, j’ai trouvé ça rafraîchissant, alors j’ai poussé la porte.

Une chaise au plafond, des appliques biscornues, des chaussures qui côtoient de la vaisselle sur un buffet, quelques portants avec des vêtements de luxe d’occasion, de magnifiques couvertures et de beaux pulls tricotés main, des sacs et des foulards disposés ça et là… Un joyeux mélange des genres savamment organisé par Cécile Mossard, qui vous accueille là avec son grand sourire, ses yeux qui pétillent et son petit accent suisse.

Originaire de Besançon, cette ingénieure chimiste de formation devenue ingénieuse chineuse a toujours eu le goût des belles choses, et l’œil pour les débusquer. « On n’avait pas beaucoup d’argent à la maison, et mes parents aimaient bien chiner, se souvient-elle. De mon côté, je portais des fringues et des accessoires marrants dont étaient folles les filles du lycée huppé que je fréquentais. Du coup j’ai commencé à me faire un peu d’argent en leur en revendant. Je crois que j’ai toujours eu l’oeil pour repérer ce qui est différent et qui vaut le coup. La nana seule dans une expo où il n’y a personne ? C’est moi ! ».

Cécile tient pendant sept ans une boutique de linge de maison ancien à Besançon, où elle apprend à reconnaître les tissus et la belle ouvrage auprès de ses clientes fortunées. Lassée de monter systématiquement à Paris pour les salons,  elle décide de s’y installer et ouvre un stand aux Puces, où elle vend du gros mobilier, Napoléon III et consorts, puis plutôt du XXe. Un autre cycle des 7 ans s’achève, Cécile qui entre-temps a eu une petite fille, a envie de travailler au chaud (les Puces l’hiver, ça caille!) et avec une clientèle fidèle. Elle quitte donc Saint-Ouen aterrit au 60 rue d’Orsel, près des Abbesses, où elle finit par se faire connaître et apprécier. Pas étonnant, Montmartre aime les personnages, et Madame Mossard en est un !

Sa clientèle ? Des jeunes filles qui veulent s’acheter leur première « vraie » fringue, des touristes entrées là un peu par hasard et qui repartent avec une pièce de savoir-faire français, des bourgeoises au foyer, des bobos du quartier, de vieilles artistes excentriques…Et moi, qui m’émeus en découvrant le toucher incroyablement doux d’un trench Hermès à plus de 3000 euros et repars, tout de même très heureuse, avec un chouette pull tricoté main à 70 euros.

Un jour, je m’offrirai peut-être une veste Chanel, un pantalon Dior ou une manteau de chez Lacroix, mais si c’est le cas ce sera chez Cécile. Parce que ce sera choisi par elle et donc forcément avec goût. Parce que ce sera de la seconde main, et que ça plaît à l’écolo en moi. Parce que ce sera du luxe abordable (adieu, doux trench…), ce qui réjouira à ma banquière. En attendant, si vous me voyez avec un beau pull tricoté main, vous saurez qu’il ne me vient pas de ma grand-mère, qui au demeurant confectionnait de très bonnes pâtisseries indiennes. Et si vous avez un cadeau à faire à une personne qui aime les belles choses, vous savez où aller !

Les billes de la gamine, 60 rue d’Orsel, 75018 Paris
http://www.lesbillesdelagamine.com

Dimanche et lundi de 14h30 à 18h30, mardi à samedi de 12h à 19h, fermé le mercredi.