Une colère ancienne

f80a64a47260223afaf6237e881a7fb0Chaque mois je saigne d’une colère ancienne,  charriant torrents de lave fumante, furie de jeunes filles salement reluquées, enfermées, douleur de  femmes enfermées dévouées, rancœur de mères (auto) sacrifiées, enfermées. Depuis la nuit-des-temps-et-oh-tu-sais-la-nature-est-ainsi-faite-et-on-ne-changera-pas-les-hommes.

Et j’ai envie de hurler, tout casser,  je vais imploser je crois, et je finis par pleurer, jusqu’à enfin pouvoir, calmement, parler.

En matière de féminisme la question du devoir de mémoire est centrale.

Faut-il tout oublier, pour pouvoir de zéro recommencer, tabula rasa, tout ça ? Parce qu’enfin, c’est vrai, pourquoi Monsieur Mâle, 40 ans, amoureux, amant, père, frère, ami, simple citoyen, pourquoi Monsieur M., qui n’a rien demandé d’autre que de pouvoir tirer paisiblement sur sa cigarette électronique, devrait-il être mêlé à tout ça ? Pourquoi faudrait-il qu’il risque, chaque mois, de finir noyé-emporté par la colère ancienne ? Lui qui respecte la jeune fille en fleur, qui fait la cuisine et la vaisselle, lui qui pousse la poussette du rejeton jusqu’à la crèche tous les matins (d’une seule main, marchant presque à côté – et non derrière – la poussette, ce qui lui fait occuper tout le trottoir mais le rend choupinou)…

Oublier, n’est-ce pas risquer de se faire piéger-enfermer de nouveau ? Et si l’enfermement durait jusqu’à la fin des temps ?

Je ne sais pas. Mais ce que je sens, du plus profond de ma chambre magmatique, c’est que j’ai besoin que Monsieur M. me dise enfin, oui c’est vrai, on a merdé, nous, tous les mâles-depuis-la-nuit-des-temps, à vous enfermer vous, nos filles, nos sœurs, nos mères, nos amies, nos amantes. Bon, vous n’avez pas toujours été tendres non plus, et puis parfois vous vous êtes aussi enfermées vous-mêmes hein, mais bon, faut avouer, on a merdé. Allez, on oublie tout mais on fait gaffe maintenant, promis, et on recommence à zéro, tabula rasa, tout ça ? Vraiment ensemble, cette fois ?

Oui, voilà, Monsieur M. n’a aucune raison de devoir s’excuser pour qui que ce soit, on a juste besoin que monsieur M. reconnaisse la douleur ancienne.

Saigner pratique, pas cher et durable, c’est possible

Je ne sais pas si vous avez fait gaffe, mais ça parle pas mal règles en ce moment sur les réseaux sociaux.

Du coup je me suis dit que c’était le moment idéal pour vous faire découvrir la coupe menstruelle.

A vous mesdemoiselles et mesdames, mais à vous aussi messieurs.

Parce que si ça se trouve, c’est vous qui allez convaincre les femmes de votre entourage de tester cette coupe, ou coupelle, ou cup (la cup, ou comment l’anglais rend vraiment TOUT plus cool). Ce faisant, vous obtiendrez leur gratitude éternelle, et, pour bons et loyaux services rendus à la Planète, un laissez-passer post-mortem pour vous envoyer en l’air avec 72 nanas qui n’ont jamais leurs règles.Ben quoi, il vous plaît pas mon argumentaire? J’ai pourtant cherché un truc bien dans l’air du temps là…Y’en a qui se feraient pas prier à votre place, je vous assure.

Bref. Figurez-vous donc un petit entonnoir fermé, tout souple (c’est fait en silicone médical, ultra safe). La chose se plie pour pouvoir s’insérer dans l’orifice prévu à cet effet et puis s’oublie. Elle se vide, se rince et se replace trois à quatre fois par jour quand les règles sont abondantes et deux à trois fois par jour quand elles le sont moins. ET CA CHANGE LA VIE. I swear man.

Pourquoi ?

Parce ce qu’on peut dire bye bye aux serviettes qu’il faut changer TRES régulièrement si on veut éviter de fuir, ou de puer. Parce que faut arrêter de déconner, je suis pour qu’on parle des règles sans honte ni tabou, mais les extrémistes qui prétendent qu’une serviette hygiénique imbibée de sang pendant plus de trois heures sent la rose me font bien rigoler.

Ciao aux tampons plein de substances pas peace du tout, et donc aux sécheresses, irritations et aux mycoses en tous genre.

Adieu aux fils de tampons qui trouvent toujours le moyen de disparaître dans la matrice.

Adios, le sprint matinal vers les toilettes pour éviter de faire une Carrie.

Prenons un spécimen de sexe féminin, âgé de 30 ans. Disons qu’il lui reste 20 ans à (se) saigner mensuellement pour la perpétuation de l’espèce. Cette personne va donc encore utiliser en moyenne 5 800 protections périodiques.

IMG_5109Celles-ci mettront à peu près 500 ans à se dégrader. Et ça, vous le savez, c’est mal. Jetez un œil à ces chiffres, c’est flippant.

Toujours pas convaincu(e) ? Et si je vous dit que ces 5800 protections lui coûteront la modique somme de … 2436 euros ? 2346 bloody euros !!!

Sinon la personne en question peut aussi choisir de s’acheter une cup, qu’elle renouvellera au bout de 10 ans. Le tout pour une cinquantaine d’euros au total, en moyenne. Voilà voilà…

Enfin j’dis ça, j’dis rien.

Sincèrement, le seul truc un peu chiant, c’est de vider et rincer sa coupe quand on n’est pas chez soi. La solution : emporter une petite bouteille d’eau aux toilettes. On se lave les mains, on retire la cup, on la vide, on la rince. Si on fait gaffe à l’eau il en reste même pour « se » rafraîchir, on replace la cup, on s’essuie et voilà, il ne reste plus qu’à se relaver les mains.

Pour les autres questions gore, je vous laisse consulter la FAQ de ce site, très complet, avec comparateur de cups et tout. Je ne touche pas de com’ pour vous y envoyer, en revanche, si vous adoptez une coupelle, vous m’offrirez bien une coupette j’espère !

Allez, la bisette.

Et bon appétit bien sûr.