Valentine’s Day stinks

Si vous avez lu ça et ça, ou encore ça, vous savez déjà que j’ai un peu de mal avec les impératifs, les exercices imposés, les oukazes et autres diktats. Vous vous doutez donc que je ne porte pas la Saint-Valentin dans mon coeur.

Aaaah, la Saint-Valentin. Cette magnifique journée où les petits coeurs trop choux envahissent les vitrines, où les tables des restaurants sont illuminées de tas de petites bougies trop mignonnes – le chef prépare un délicieux dessert à la vanille et au gingembre, vous allez vous régaler, annonce le serveur avec un clin d’oeil appuyé. Cette formidable date à marquer d’un petit coeur rouge (vous allez en bouffer du coeur, je vous préviens) sur son agenda, sous peine, dans certains couples, de déclencher une guerre thermo-nucléaire. Ce jour tant attendu des célibataires amers, ravis qu’on leur renvoie à la gueule leur non-conformité. Cette grande et belle fête de la consommation, où l’on vous somme de prouver votre amour à longueur de pubs, d’affiches, d’articles, de reportages, et de playlists langoureuses. Dites donc, en écrivant, je viens de réaliser un truc de dingue. CON-SOMMATION. Mais c’est énorme!

Je sais pas vous, mais moi il me semble que la Saint-Valentin fait surtout la joie des  filles qui sont restées bloquées sur leurs histoires de prince charmant. Catherine Monnot, antropologue à l’EHESS, à l’air d’accord avec moi dans cet article de la brigade de la répression du vice d’Atlantico.

Ah oui, j’oubliais au passage la véritable joie des vendeurs de roses pakistanais, quand même. Et puis celle des fleuristes en général, des restaurateurs, des papetiers (pour les jolies cartes pleines de coeurs), des bijoutiers, des parfumeurs, des vendeurs de lingerie, et tutti quanti. Celle de l’Occident commerçant, appliquant tout en douceur sa vaseline goût vanille-gingembre au cul du reste du monde.

Le monde entier fête donc la Saint-Valentin, même Le Brésil qui a pourtant sa propre fête des amoureux le 12 juin, la Chine (Le Qi Qioa Jie, le 7e jour du 7e mois du calendrier lunaire), la Colombie (Le 3e samedi de septembre), Israel (Tou Beav, en juillet ou août) (Merci Wikipedia hein)…  Y’en a que ça énerve… Je ne les aime pas beaucoup mais sur ce coup là, je les comprends un peu…

« Cette nana est aigrie, elle a pas de mec », entends-je déjà. Désolée les cocos mais ça fait à peu près 15 ans que je n’ai pas passé de Saint-Valentin seule. C’est d’ailleurs fort dommage, je m’imagine bien revêtir mon plus beau porte-jarretelle et aller écumer les bars et les clubs de Paris au cours d’ une chasse à l’homme d’anthologie.

Durant de ces 15 années donc, j’ai eu trois Valentins différents. Et je les ai vus, tous les trois, m’observer avec appréhension la première année, quand, le jour fatidique approchant, on entendait ou voyait le premier spot de pub pour la Saint-Valentin. Je les laissais  quelques secondes à leur angoisse, et mettais fin au supplice, d’un laconique : « T’inquiète, moi aussi je trouve que c’est naze, cette fête à deux balles ». Et soudain, leur regard s’illuminait, plein de gratitude. Finalement, je leur faisais ainsi le plus beau cadeau de Saint-Valentin de leur vie. Pas de « je t’aime » forcé, pas de prise de tête pour trouver un putain de cadeau, pas d’horrible dessert vanille-gingembre à avaler.

C’est cool, parce qu’apparemment, y’en a chez qui ça ne passe pas, les « je t’aime » forcés. À sa décharge, je tiens tout de même à signaler que ce charmant rappeur est finalement plus proche de la signification originelle de la Saint-Valentin que les marchands du temple. Les Lupercales romaines célébraient en effet la fécondité, l’amour physique, plutôt que l’amour tout court. CQFD

Pour finir, et pour savoir si je suis complètement à côté de la plaque ou pas, je vous propose un petit sondage vite fait, dont je vous communiquerai évidemment les résultats dans un prochain post, à condition bien sûr que vous soyez plus de deux à répondre.

A vot’ bon coeur!

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