Comme nous sommes paraît-il en temps de guerre, j’ai installé mon QG sur l’îlot central de mon 42m2 qu’est mon lit. Deux ordis – un pour le travail, un pour le reste de ma vie – deux carnets, un stylo, un livre. J’étais prête pour le siège.
J’ai télétravaillé par intermittence, passé beaucoup de temps au téléphone, passé beaucoup de temps à enregistrer les liens vers les milliers de films, de podcatsts, d’expos, de séances de yoga, de livres audio qui allaient me permettre de tenir (honnêtement, on n’aura pas assez d’une vie en confinement pour en venir à bout).
Et puis je suis allée m’agiter sur l’escalier en bas de chez moi.
(Voilà deux ans que je me plains de ne plus assez me bouger les fesses – pas le temps, trop loin, trop cher, trop contraignant. Deux ans que ce chouette escalier m’attendait en bas de chez moi…).
Il y avait du bleu au-dessus de ma tête, il y avait des fleurs et elles sentaient bon, je me suis sentie heureuse, à nouveau.
Et puis j’ai dansé dans la rue désertée – tout est tellement bizarre en ce moment, un peu de folie en plus ou en moins… Je crois que j’ai diverti à un couple au loin à son balcon – si vous voyez la vidéo d’une folle en train de danser seule dans une rue désertée, vous saurez.
J’ai entendu les oiseaux s’exciter parce que le soleil se couchait, j’ai vu les lampadaires clignoter, et je me suis imaginé que Paris essayait de me parler. En morse, ça donnait quelque chose comme fluctuat nec mergitur, je crois.
C’était doux, c’était bon.
Je suis rentrée, et j’ai continué à danser.
Je voudrais dire à notre Président que quoi qu’il arrive il ne faudra pas nous empêcher d’aller suer sur des escaliers ni danser dans des rues désertées. On ira seuls, promis. On s’écartera même du chien du voisin, juré. On se récurera à l’alcool à 90°C après, craché (heu non, pas celui-là).
Mais ça, faudra nous le laisser. Sans quoi après risquera d’y avoir pénurie de lits en HP.
Bah bravo dansons tous dans ces rues désertées.
Je précise que c’est au pied de mon immeuble et qu’il n’y a personne autour. Ce qui fait que contrairement aux joggueurs, je ne croise personne et personne ne me croise. Et puis d’ailleurs, vous danseriez vous, seul, dans une rue désertée? Qui fait ça, sérieusement ?