J’ai rencontré la génération Y. Et je ne m’en suis toujours pas remise.
Elle m’accueille pieds nus, ses cheveux attachés à l’arrache découvrant d’immenses créoles. Sur sa chemise à carreaux, elle porte un haut de survet’ noir à capuche siglé Google. Elle tapote sa montre du doigt et dit “ j’ai 20 minutes ».
Elle a 25 ans. Et bien que je sois plus grande qu’elle d’une tête et d’une décennie, je me sens toute minus. Du haut de ses trois pommes le message qu’elle m’envoie, délibérément ou pas, c’est : on s’en fout de l’apparence. La valeur d’un être humain, c’est à ce qu’il est et ce qu’il fait qu’on la mesure . Et nulle par ailleurs. Bam. Dans ta face Biba, dans ta face Cosmo, dans vôt face Glamour et Vogue.
Au delà de cette leçon de sagesse que ne renierait pas notre ami Rhabi, si je me sens Poucette à ce moment précis c’est que cette nénette a lancé l’air de rien une start up que j’aurais adoré créer. Son associé, Jean, assure la partie technique mais l’idée originelle c’est elle.
Elle, c’est Coline Debayle, co-fondatrice d’Artips, sacrée « jeune entrepreneuse de l’année » par Google. Tu ne connais pas Artips ??? Ouh là là mais kesstufous? On reprend tout à zéro alors. Artips c’est une newsletter que tu reçois trois fois par semaine dans ta messagerie, et qui te raconte une anecdote artistique amusante en une minute chrono. Une minute juste pour toi et ta culture, une minute que tu peux prendre en attendant ton métro, ton dentiste ou ton date. Un peu comme D’Art d’Art mais en version 2.0. en somme. On y parle d’arts visuels (c’est quand même plus facile à illustrer) de façon simple, accessible, efficace. Et en plus c’est bien écrit. En même temps ça peut, vu l’impressionnant parcours d’obstacles que doit parcourir une anecdote avant d’atterrir sous tes yeux ébaubis : « Tout contenu est validé par mon ancien prof d’histoire de l’art à Sciences Po, Gérard Marié, raconte Coline, débit mitraillette. On la réécrit selon la formule magique du storytelling à la Artips et on l’envoie à 150 correcteurs qui lui attribuent une note. Si celle-ci est trop mauvaise l’anecdote part à la corbeille. Si elle est bonne on la soumet à cinq ultimes relous, qu’on appelle nos Alpha et qui sont les meilleurs au monde pour trouver la dernière petite coquille qu’on aurait oubliée. Enfin on l’envoie à nos 100 000 abonnés ».
La newsletter est gratuite, le but étant de réintroduire l’art dans le quotidien mais aussi de démocratiser la culture, pour qu’elle ne soit plus, comme l’a vécu Coline en côtoyant les fils d’ambassadeurs à Sciences Po et HEC, un code discriminant (« Comme le fait de jouer au golf ou de savoir parler d’un vin »). La boite – 3 CDI, 6-7 stagiaires et 120 rédacteurs ponctuels – tourne grâce au catalogue commercial : la petite start up qui monte a tapé dans l’oeil de grands musées et d’entreprises pour lesquels elle produit du contenu. Deux bouquins ont déjà été édités et l’équipe bosse déjà sur tout un tas d’autres idées lumineuses. Adieu les coquillettes, bonjour les pépettes ? C’est tout ce que je lui souhaite, à Coline.
Chapeau, le génération Y…
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