Qu’il s’agisse d’affronter une banale scène de baiser devant le film du dimanche soir ou d’exprimer des sentiments, les familles indiennes sont extrêmement pudiques, tous les Indiens vous le diront. Et pourtant… Et pourtant elles sont aussi très tactiles. Je me souviens de mes tantes m’empoignant les avant-bras et les malaxant avec force et amour. Je me souviens du temps distendu que mon oncle avait passé à maintenir ses pouces sur les points de réflexologie de mes mains, un soir que j’étais souffrante, tandis que mes cousins couraient autour de nous dans la maison où se retrouvait la joyeuse tribu maternelle. Je me souviens de ma mère qui me massait le ventre avec ce baume dont l’odeur, depuis, me ramène systématiquement au réconfort trouvé, malgré la fièvre ou la douleur, dans le fait d’être dorlotée. Je me souviens, il n’y a pas si longtemps de ça, de mon père me frottant vigoureusement les pieds pour me réchauffer du froid dont je n’arrivais à débarrasser ni mon corps ni mon esprit.
Je crois bien que c’est cela, que je retrouve chez Charlot. Une forme de pudeur qui m’est familière, et quelque chose d’infiniment apaisant dans la façon qu’il a de prendre soin de moi, lorsque je suis à un stade de rigidification avancée des trapèzes. Son calme, sa présence, le sérieux avec lequel il me pose des questions alors que j’essaie de donner le change avec mes grands éclats de rire. L’attention qu’il porte à mes mots, à mes maux. La confiance qu’il a instaurée entre nous, l’espace qu’il m’ouvre, ses « c’est bon t’inquiète t’es à la maison » quand il me tend un Kleenex pour que je sèche mes larmes au-dessus du trou destiné à ma tête sur sa table de massage. L’état dans lequel je ressors de son cabinet, élastique et droite en même temps, droite, enfin, sans effort !
Aujourd’hui je suis une maman, et c’est moi qui masse, qui réchauffe, qui écoute, qui prend soin. Mais quand j’ai besoin qu’on prenne soin de moi, c’est Charlot que je vais voir.
Oh, j’aurais pu vous parler de « sa main » comme on dit dans le métier, de sa solide formation, des formations qu’il va lui-même bientôt assurer, des personnes que lui envoient les ostéos, de ses longs cheveux de chanteur de soul et de funk et donc de l’élastique noué autour de son briquet, de sa bande son – à mille lieues du new age – que je kiffe écouter pendant que je me fais masser.
Mais j’ai préféré vous expliquer pourquoi Charlot m’est essentiel.
C’est la période des fêtes mais la saison automne-hiver 2020 n’est pas la plus gaie ni la plus douce qu’on ait connue, je ne peux que vous recommander de faire ou de vous faire ce cadeau : allez faire un tour du côté de Belleville voir Charlot.
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